Bonjour Jean,
Je ne citais le bourgeon que pour signaler que c'était l'étymologie proposée par Vayssier, ce qui me paraît incertain. Mistral qui cite "bourrau" comme une variante de "gourrau" donne pour étymologie "gorro" (truie ?) ce qui me paraît tout aussi incertain. Mais il est tout à fait possible qu'un mot connu et fréquemment utilisé comme « bourre, bourrou » ait exercé une attraction phonétique sur "gourrau" > "bourrau" > "bourrou(dièro)" et, donc "Bourroufiès".
Ce qui est certain, et c'était la base de mon hypothèse, c'est que « bourrau" (que Alibert graphie "borraud" ce qui justifie le dérivé "borraudièra") est le nom d'une variété de figues généralement la figue fleur en Rouergue, ce qui est confirmé aux points 737, 746 et 748 de la carte 1567 de l’ALF.
http://lig-tdcge.imag.fr/cartodialect3/visualiseur?nomCarte=1567
Quant à « Bourroufiès » j’avais aussi envisagé cette forme c’est pourquoi j’avais écrit « en rapport avec les figues ou les figuiers », mais dianegastellu ayant écrit le nom en minuscules et sans accent je n’ai pas voulu compliquer l’explication en attendant d’avoir, si possible, la prononciation attestée du nom en occitan.
Dans ce cas il s’agirait de l’arbre ou plutôt des arbres, et non plus du fruit : la terminaison serait « figuièrs >fiiès>fiès » et serait encore plus pertinente, il faudrait comprendre « les figuiers de variété « bourrau ». Le -g- intervocalique a tendance à s’amuïr en occitan. Mistral, à l’initiale G signale « En Rouergue, spécialement à Rodez, g tombe souvent lorsqu’il se trouve entre deux voyelles » et il donne des exemples. Mais le phénomène est très répandu. À l’entrée « aliguièr » (alisier) Alibert donne la variante « alièr » qui est la seule connue dans mon parler. Pour « figuièr » nous prononçons un -g- très affaibli en diction soignée mais il disparait complètement en diction rapide ou relâchée ; à l’entrée « nòga » (noix) il ne donne, pour l’arbre, que « noguièr » alors que la carte 927 de l’ALF montre bien que c’est la forme « noièr » [nouyè) qui est très majoritaire.
Astor ne cite pas « Figuiès », présent bien que rare sur Geneanet, ni a fortiori « Fiyès / Fiès »(non attestés) mais il donne « Poumiès », « Sérieys », etc. , de même formation.
Un point déroutant cependant : on s’attendrait plutôt, en occitan, à « Figuièrsborrau > Fièsbourrou » mais cette construction, beaucoup plus rare, n’est cependant pas impossible vu qu’on ne connait pas avec certitude l’origine ni la catégorie du mot « borrau » à l’époque de la formation des noms de famille.
Évidemment ceci n’est qu’une hypothèse et je ne prétends pas que ce soit la vraie ni la seule mais dans l’état actuel de mes connaissances c’est la seule (dans le cas Bourrofiès) que je trouve plausible.
Pour conclure, le fait que le français traduit les diverses voyelles atones de l’occitan par un e, devenu muet de surcroit, la manie d’écrire les majuscules sans accent et la disparition accélérée des derniers occitanophones est une catastrophe pour l’étymologie. Mais comme disent les Provençaux « acò’s de figo d’un autre panié » (C’est des figues d’un autre panier = C’est tout autre chose).
Amicalement.
André Viatgé