Bonsoir Christophe,
J'ai traduit au plus près du texte cet article.
Restent à traduire deux articles de journaux danois de 1886 et 1901.
Avez-vous trouvé d'autres renseignements?
Amicalement,
Kirsten
Hans Sofus Ditlev Krohn
(1884)
basé sur l'article de S.Tage Jensen
(site
www.coneliand.dk/kriminalsager)
La police de Copenhague a reçu le 26 octobre 1884 un télégramme du Consul de Lübeck que 25 billets danois de chacun 100 couronnes danoises ont été vendus la veille chez l'agent de change de la ville. Et il s'agissait de faux billets.
Le 5 novembre la police a reçu une lettre du procureur général de Hamburg que 4 faux billets de 100 couronnes avaient été émis et qu'une investigation était en cours.
Environ 14 jours plus tard un Monsieur s'est rendu au domicile privé du
directeur de police Crone pour l'informer qu'il avait su qu'un ancien agriculteur Sophus Krohn de Paris avait envoyé à un de ses amis une lettre contenant 10 billets de 100 couronnes qu'il avait ouvertement admis faux.
Et lui avait donc conseillé de les échanger en Suède et non pas ici.
Le chef de la Sûreté, l'inspecteur de police Carsten Petersen, s'est lui-même rendu avec deux agents chez l'ami mentionné, qui expliquait, que c'était vrai qu'il avait reçu la lettre et les billets. Il avait été tellement stupéfait qu'il ne savait pas quoi faire et c'est pour cela qu'il avait cherché conseil chez un de ses amis. Cependant, son intention avait été de s'adresser à la Police mais il n'avait pas eu le temps de la faire, la Police s'était adressé à lui avant.
Il connaissait Krohn depuis qu'il avait été précepteur chez lui mais ne l'avait pas vu depuis assez longtemps et il prétendait fermement n'avoir aucune connaissance du faux monnayage.
On l'a amené au Poste de Police et il a été enfermé dans la Maison d'Arrêt pour la nuit. Le lendemain l'affaire a été transmise à la Cour Criminelle, le JugeThiele. Après avoir dû reconnaître avoir accompagné Krohn à Paris en février dernier, il a été arrêté.
En même temps un mandat d'arrêt a été lancé contre Krohn et la Police de Paris a été priée de l'arrêter.
L'épouse de Krohn a expliqué qu'elle s'est rendue de toute urgence à Paris avec ses 6 enfants en juin afin d'y rencontrer son Mari.
La raison était que l'ami lui avait dit directement que l'affaire que son mari projetait n'était sans doute rien d'autre du faux monnayage.
Son mari lui avait affirmé que ce n'était pas vrai et elle l'avait cru.
De Paris toute la famille s'était rendue chez sa sœur mariée à Grossenhain en Saxe chez qui ils avaient séjourné jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle en septembre et son mari était retourné à Paris. Cependant elle avait aussi reçu une lettre de lui de Hamburg.
L'ami a dû reconnaître qu'il lui avait dit qu'il pensait que son mari faisait des faux billets sans avoir de preuve pour étayer cette supposition. Sauf que cela l'avait frappé qu'à une occasion où un étranger était présent, celui-ci avait dit que beaucoup de billets français étaient contrefaits. Et Krohn avait fait la remarque que cela devait donc bien rapporter.
Le 28 novembre Krohn a été arrêté à Paris et 2 mois après il est arrivé ici.
Lors d'un premier interrogatoire il niait aussitôt savoir que les 10 billets qu'il avait envoyé à l'ami étaient faux. Mais quand on lui a présenté la lettre qu'il avait écrite il reconnaissait qu'il «savait bien sûr» que ce n'était pas des vrais, mais il niait de les avoir fait lui-même ou y avoir participé.
Il racontait une longue histoire fantastique qu'il avait au cours de son voyage à Paris, le printemps précédent, rencontré à la gare de Cologne un homme s'appelant O. Johansen et qu'ils étaient tombés d'accord pour ouvrir une crémerie à Paris.
Sur la route de retour de Grossenhain vers Paris, il avait par hasard à nouveau rencontré ce Johansen à la Gare de Hamburg et ils avaient à nouveau discuté de cette crémerie. Le jour après, marchant ensemble dans la rue, Johansen lui avait demandé d'échanger 4 billets de 100 couronnes n'ayant pas le temps de le faire lui-même et il l'avait fait.
4 jours après ils s'étaient rendu à Lübeck où Johansen voulait discuter avec différentes personnes et là il lui avait demandé d'échanger 25 billets car il n'avait pas le temps de le faire lui-même.
Quand ils se sont séparés, Johansen lui avait donné 10 billets qu'il devait garder pour lui jusqu'à leur rendez-vous à Paris.
Petit à petit il avait réalisé que les billets étaient sans doute faux et c'est pour cette raison qu'il conseillait à son ami de les échanger en Suède et pas en ville ici.
L'investigation que la Police avait faite à Hambourg renversait l'explication si clairement fausse de Krohn.
Il avait été constaté qu'un homme qui se faisait appeler V. Krohn et maintenant à travers des photos transmises reconnu comme l'homme arrêté, lui avait loué une chambre à Steindamm, où il n'avait pas dormi, mais seulement travaillé quelques heures par jour. Différentes presses d'imprimerie y avaient été livrées.
Et les sociétés qui les avaient livrées pouvait affirmer qu'ils avaient aussi procuré, soit directement soit par l'intermédiaire d'autres sociétés, des pierres
lithographiques, des clichés et autres objets nécessaires à l'imprimerie.
Il s'est avéré que les clichés étaient des parties d'un billet de 100 couronnes.
Par exemple la partie du milieu et la couronne du recto et des parties du verso.
Krohn avait indiqué qu'il voulait ouvrir une crémerie sous forme de société Anonyme à Paris, et il voulait donc, pour économiser de l'argent, ouvrir sa propre imprimerie. Entre autre les titres et il avait fourni des échantillons pour les copier.
Il a hardiment vendu le vrai billet de 100 couronnes qui lui servait de modèle à un agent de change à Hamburg en lui disant que c'étaient les enfants qui l'avaient malheureusement découpé en morceaux. L'agent de change, apparemment un homme prudent, n'a pas voulu le payer au cours du jour ne sachant pas si on le lui achèterait à ce prix.
Face à ces preuves, Krohn a réalisé qu'il fallait qu'il change de tactique.
Il a choisi de dire que c'était vrai qu'il avait loué une chambre à Hamburg mais c'était pour Johansen qu'il l'avait fait. Mais quand on lui a dit qu'il était le seul à y avoir été vu, et en plus quotidiennement, il a été obligé d'avouer qu'il y avait rendu visite à Johansen. Mais il n'avait pas participé au faux monnayage. Il avait seulement procuré les machines et le reste à Johansen et il se rendait bien compte à quoi cela allait servir.
Pas d'informations de Paris. La Police n'avait pas trouvé de traces que Krohn aurait fabriqué des faux billets dans la ville.
Le Juge Thiele s'y est rendu lui-même au mois de juin.
Lors de l'interrogatoire dans l'Hôtel Pavillon, où Krohn avait logé lors de son arrestation le Directeur Svendsen, de nationalité danoise, a dit que quelques jours avant une facture avait été présentée à Krohn pour une chambre qu'il avait louée en ville.
L'hôtelier avait noté l'adresse 59, rue des Petites Ecuries. En s'y rendant on a trouvé en plus d'une petite presse d'imprimerie pas mal de clichés et de couleurs etc et dans un sac de voyage 164 billets de 100 couronnes presque terminés.
La logeuse, Mme Lefart, a expliqué que Krohn, qu'elle jurait reconnaître d'après la photo qu'on lui montrait, avait eu la chambre pendant quelques mois. Il y était venu quelques heures chaque jour. Et personne d'autre était venu car cela elle l'aurait vu.
Heureusement, elle utilisait bien ses yeux, car sinon elle n'aurait pas vu une facture de l'Hôtel Pavillon dans la chambre et elle n'aurait pas pu participer la révélation du crime honteux. Et maintenant elle pouvait espérer récupérer le mois de loyer qu'on lui devait.
Il ressortait de la correspondance assez volumineuse trouvée dans la chambre que Krohn s'était aussi fait livrer diverses marchandises de Sociétés lithographiques de Cologne et de Dresde.
Au retour du juge on a confronté Krohn avec les nombreuses pièces à conviction.
Il continuait à prétendre qu'il n'avait pas participé lui-même directement à la fabrication de faux billets. C'était Johansen et lui seul qui avait fabriqué les billets aussi à Paris. Il avait simplement, en tant que son collaborateur, loué la chambre et commandé les différents accessoires.
Le fait que le nom de Johansen ne figurait pas du tout dans la correspondance trouvée était assez embarrassant. Mais les lettres qu'il avait reçues de lui avaient d'être égarées, disait-il.
Comme il n'était pas possible d'avancer avec Krohn, le juge a clos l'interrogatoire en Octobre.
En février l'année suivante la Cour Criminelle a prononcé son jugement.
Il y est dit qu'il suffisamment prouvé que le détenu avait fabriqué ou comme auteur du crime participé à la fabrication des faux billets.
La peine a été fixée à 6 ans de travaux forcés.
La Cour suprême a confirmé le jugement en se référant aux motifs cités.